Sous l’effet de volumes en berne, d’installations vétustes et d’une mouture souvent délocalisée, la meunerie française traverse une phase critique. Les volumes exportés ont chuté de 90 % en trois décennies, tandis que le pays est devenu importateur net de farine en 2018. Face à 386 moulins et 6 300 emplois menacés, le secteur doit concilier modernisation et souligner l’artisanat pour rebondir.
🕒 L’article en bref
Entre chute des exportations, installations vieillissantes et concurrence étrangère, la meunerie française connaît un sérieux coup de frein. Pourtant, des pistes concrètes émergent pour moderniser la filière et valoriser l’artisanat meunier.
- ✅ Exportations en forte baisse : Une chute de 90 % en 30 ans, pour seulement 214 000 t en 2024
- ✅ Sites souvent vétustes : 60 % des moulins trop anciens ou trop petits pour rivaliser
- ✅ Mouture délocalisée : Une perte de valeur ajoutée liée aux coûts et à la fragmentation
- ✅ Réinventer la filière : Investissements, labels artisanaux et partenariats durables en réponse
📌 Entre tradition et innovation, la relance des moulins français passera par une montée en gamme, une modernisation stratégique et une meilleure valorisation du savoir-faire local.
Alimentation : pourquoi les moulins français tournent au ralenti
a meunerie, jusque-là fleuron de l’export hexagonal, peine aujourd’hui à faire tourner ses meules. Les principales causes se répartissent entre qualité des récoltes, dimensionnement des sites et chaînes de transformation éclatées. Résultat : en 2024, la France a produit 4 millions de tonnes de farine mais en a importé 400 000 tonnes.
- Exportations divisées par dix depuis 1995, passant de 1,6 million à 214 000 tonnes
- Consommation intérieure stable, avec 99 % du blé tendre valorisé chaque année
- 60 % des sites jugés trop petits et obsolètes pour rivaliser en Europe
- Mouture souvent réalisée en Belgique ou en Allemagne pour des raisons de coût
Obsolescence et capacités limitées
Plusieurs acteurs historiques, tels que Moulins Soufflet, Moulins de Paris et Moulins de la Forez, ont commencé à mutualiser leurs investissements pour moderniser certaines lignes. Pourtant, la majorité des sites reste équipée d’installations datant du siècle dernier. Cette vétusté se traduit par des cadences réduites et des surcoûts de maintenance.
Chaîne de mouture fragmentée
Pour réduire les coûts, le blé français est souvent expédié brut vers des sites étrangers avant d’être rapatrié sous forme de paquets. Ce montage, peu valorisant, provoque une perte de valeur ajoutée sur le sol national. Résultat : la farine française est parfois moins compétitive que ses équivalents importés.
- Transports supplémentaires et empreinte carbone accrue
- Compétition avec des farines à moindre prix venues d’Allemagne ou de Belgique
- Part de marché des marques distributeurs alimentée à 25 % par des farines importées
- Risques pour 6 300 salariés lorsque les volumes dégringolent
Perspectives pour revitaliser la meunerie française
Redonner de l’élan à la mouture française implique d’agir sur plusieurs leviers, depuis la modernisation des sites jusqu’à la mise en avant des métiers artisanaux. À travers des partenariats ciblés et des investissements durables, la filière peut retrouver une compétitivité équilibrée.
- Adopter des lignes de production hybrides pour concilier volume et qualité
- Renforcer les modèles coopératifs pour lisser les coûts
- Valoriser les farines haut de gamme auprès des boulangers artisanaux
- Développer de nouvelles filières d’export vers des marchés émergents
Investir dans la modernisation des sites
Des structures comme le Moulin de l’Écluse, le Moulin d’Or ou les Moulins de la Vallée montrent la voie en combinant meules traditionnelles et cylindres modernes. En France, seule l’Allemagne compte plus d’unités capables de moudre 200 000 tonnes, contre une en France. C’est donc un enjeu de taille pour rénover les 60 % de sites obsolètes.
Faire valoir l’excellence artisanale
La qualité reste un atout pour la France, notamment sur le segment des farines premium. Un tiers des boulangers en France est encore artisan, contre un sur cinq en Allemagne. Les Moulins de Beauce, le Moulin de la Roche et le Moulin de Provins témoignent du savoir-faire ancestral et attirent une clientèle prête à mettre la main au portefeuille pour une mie plus alvéolée.
- Création de labels régionaux pour garantir l’origine
- Démarches RSE pour valoriser l’éco-responsabilité
- Ateliers participatifs pour reconnecter le public au grain
- Partenariats directs entre producteurs et artisans-boulangers
Foire aux questions
Pourquoi la France importe-t-elle de la farine alors qu’elle produit du blé ?
La délocalisation de la mouture vers la Belgique ou l’Allemagne permet de réduire les coûts unitaires lorsque les lignes françaises sont trop vétustes ou sous-dimensionnées.
Comment les gros acteurs comme Moulins Soufflet ou Moulins de Paris réagissent-ils ?
Ils investissent dans des unités hybrides alliant cylindres et meules, et nouent des alliances pour mutualiser les coûts et les débouchés à l’export.
Quel est l’intérêt de farines « haut de gamme » ?
Ces farines, produites par des meules en pierre chez le Moulin de l’Écluse ou le Moulin d’Or, offrent des textures et arômes préservés, prisés par les boulangers artisanaux et les consommateurs avertis.
Quels leviers pour retrouver l’équilibre à l’export ?
Améliorer la compétitivité-prix via des économies d’échelle, développer des marchés porteurs en Afrique ou en Asie, et valoriser l’origine France grâce à des labels.
Comment le grand public peut-il soutenir la filière ?
En choisissant des farines issues de moulins engagés dans la modernisation et l’artisanat local, et en participant à des ateliers de découverte pour comprendre les enjeux de la meunerie.